Ce constat énervant.

Ce constat que tu fais tous les ans à la même époque. Un corps vieillit, un peu comme une chute lente et interminable où minablement tu t’écraseras à la fin. Alors en attendant ce point final tu contemples tout ce qui entoure ta chute, tu essayes de distinguer les choses, tu essayes de te distinguer de tous ces autres qui comme toi chutent, plus ou moins à ton niveau, plus ou moins à ta vitesse. Il y en a toujours une partie qui chute un temps à tes cotés et puis d’un coup il semble que sa chute s’arrête avant la tienne, parfois même bien avant que tu ne puisses seulement distinguer le fond, la fin de ta chute. Alors tu regardes un peu vers le haut en le cherchant et tout ce que tu vois c’est tous ces autres qui eux aussi chutent au dessus de ta tête. Il y en a qui essayent de s’agripper sur les bords que tu contemples en tombant. Ceux là espèrent arrêter la chute, ou au moins la ralentir un moment. Ils sont au final comme un morceau de suie accroché sur la paroi de la cheminée, ils vont finir par tomber bien plus vite qu’ils ne le pensent, et en bas la collision est toujours la même, plus ou moins violente, plus ou moins espérée.
Tous les ans à la même époque tu passes devant un chiffre, toujours différent qui te prévient que tu te rapproches inévitablement du bas et en même temps te re-situe, comme les chiffres dans les cages d’escalier, comme pour te rappeler que tu n’as gravi que trois étages et qu’il t’en reste encore autant.

[24-10-2011]

Ω

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La faim.

Il est là, assit par terre. Il a presque l’air heureux d’être là, contre le mur de sa chambre, assit par terre. Les yeux entr’ouverts il semble fixer le vide en face de lui. Il fixe le vide à l’intérieur de lui. Dans ses bras un jeune chat noir. Ils semblent paisibles. A intervalles réguliers, ils se jettent de petits regards complice, puis il retourne dans son néant intérieur.
La pièce est sombre.
Il est toujours là, assit par terre. Il ne bouge pas vraiment. Une main sur le chat, il lui transmet un semblant de compassion. Le chat lui bouge. Il est blotti, la tête contre l’estomac de son maitre. La tête dans l’estomac de son maitre.
Il est là, assit par terre. Le chat blotti apprécie la chaleur de son maitre. Sa main remue, essayant de saisir le chat. Il baisse la tête, regarde calmement le trou que l’animal à creusé dans son corps. Il sourit. Le chat a faim. Lentement il se nourrit des viscères de son maitre. Le chat creuse et déchiquette un peu plus la peau du ventre de son maitre. Il mâchouille ses intestins.
Il est assit, il a faim. Ses yeux se baissent sur ce chat qui le dévore petit à petit. Il l’attrape par les pattes arrières et plonge ses dents dans l’une de ses cuisses. Le chat ne tressaille même pas. Il est bien trop occupé à ronger l’une de ses côtes.

Φ

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