Je n’ai pas écrit depuis des siècles. Il me semble des jours. J’aime bien écrire mais j’ai été trop prise. Enfin pas vraiment, mais c’est pour avoir quelque chose à dire. J’avais des choses à faire. Tu sais, dans la vie réelle, de dehors. Celle qui pue et fait trop de bruit. Qui te souffle dans les oreilles de l’air froid de l’hiver. Celle qui te demande de faire des choses pénibles. Celle qui te parle sans cesse de tout ce qui ne t’intéresse pas.
La vraie vie qu’ils disent. Ils aiment bien dire ça, pour avoir l’air de s’y connaitre en vraie vie. Comme si la notre était différente, fausse. Il n’y a pas de fausse vie. Mais pour eux, la vraie vie se vit à l’extérieur, avec des gens, du bruit et des paroles. Des rires et des odeurs de parfum. Des assiettes pleines de choses que personne n’a vraiment envie de manger, et de la mauvaise bière. La vraie vie voyons ! Celle que tu devrais avoir. Ils savent mieux que toi. Toujours.
Tout ça pour dire que j’étais prise par ma fausse vie à faire semblant de participer à la vraie vie des autres. J’ai creusé des plaques de linoléum pour m’occuper les mains. C’est sympa.
Des fois, pour m’occuper, parce qu’il faut s’occuper vois-tu, j’essaye de regarder les dents de mon chat. Ca me prend bien 10 secondes de ma journée, c’est déjà pas mal. Le reste du temps, je m’occupe à essayer de m’occuper et je fais des jeux de mots.
Ca occupe.