Je vomis les mots comme ce trop plein de nourriture qui sort quelques fois par erreur. L’écriture est comme un aliment. La photographie n’a rien à voir là dedans. La nourriture est complexe. Elle est ma pire ennemie et ma plus grande alliée. Elle remplie une partie de mon vide interne, la plus grande partie. Mon estomac appelle. Je le soigne en ingurgitant tout ce que j’ai sous la main et qui est plus ou moins comestible. Puis mon estomac me hante et me dis que je ne dois pas tout ingurgiter comme ça. Alors j’attends mon prochain vide. Et je le laisse me ronger de l’intérieur avec ses grognements sourds qui sortent de mon ventre quelquefois lorsque j’attends trop avant de ré-ingurgiter. Si on attend encore un peu, les grognements cessent, et la faim s’apaise toute seule. Comme si le corps avait trouvé un recoin interne plein de nourriture et l’avait englouti. Alors, par l’écriture, je régurgite ce que mon corps a englouti tout seul, sans moi. Quelquefois ça ne donne rien, parce que ces fois-là mon corps n’a pas assez mangé sans moi. Les autres fois.
[05-10-12]