Je n’ai rien à dire.

Je n’ai rien à dire.
Il est deux heures quarante du matin. Mon volet ouvert craque continuellement depuis onze heure du soir. J’ai changé d’arrière plan. J’ai photographié mes vernis tous neufs. Ils brillent sur mes ongles presque insolents. J’ai mangé des canneberges séchés et sucrées parce que je n’ai plus de barbapapa d’anniversaire. J’ai bu un thé au citron avec un peu de sucre dedans. J’ai fait craquer mes poignets plusieurs fois et j’ai haussé des épaules toutes les dix minutes depuis que j’ai commencé à écrire ce soir. J’ai mal au dos, à la nuque, à la tête, aux yeux, à mon mollet et au pieds. Je gratte mes ongles lorsque je n’écris pas. Ou ma tête. Je passe mes mains dans mes cheveux, je trace des chemins invisibles dedans et je les mélange. Je chantonne un peu la musique que j’écoute. Je change de musique toutes les cinq chansons parce que tout ce que j’écoute me lasse trop vite en ce moment. Même ce qui est nouveau. J’ai écouté l’album de Nadeah neuf fois aujourd’hui. Je baille un peu des fois. J’ai la mâchoire qui craque à chaque fois et puis j’ai des larmes dans les yeux qui font bouger mes lentilles. Je bats les mesure de Pretty Enough avec le pied et j’ai mal dans mes vertèbres du bas du dos.
Je m’assure que les mots que j’écris existent en les prononçant. Parce que verterbre n’existe pas encore dans le vocabulaire humain.
Je vérifie que je n’ai raté aucun appel ou message sur mon portable posé à coté de moi et branché à mon ordinateur. Je siffle la musique en faisant légèrement tourner mon siège de bureau tandis que la chanson change. Je me gratte le dos avec ma main gauche et me griffe la peau avec les ongles sans faire attention. Je r’ouvre les petites blessures que mes ongles ont fait en passant les autres fois. J’ai maintenant des traces brunes sur le dos à tous ces endroits là. (…) Maintenant on est loin l’un de l’autre. On se rend invisibles pour l’autre et puis l’un rattrape le bras de l’autre et le tire vers soi, juste le temps de dire qu’on pense à l’autre quelques fois, lorsqu’il neige les lundis d’avril, ou que je ne mange pas le matin tôt. Et quelques autres fois lorsqu’on est trop vide. Il m’a rendu plein de vide. Mais du bon vide, celui qui te tiens au corps quand tu as froid et que tu es triste et seule. Celui qui te rempli le vide pâle et gris. Et quand ça ne suffit plus il faut écrire à s’en perdre le corps dans mes mots et envoyer sans relire (…). Pour savoir. Et puis sentir que son vide se rempli parce que quelque part, un peu loin de moi et des lieux ou nous étions, on pense à moi. (…) Nos vides sont différents. Mais j’aime bien son vide. Tout ça parce que je me gratte le dos ce soir parce que j’ai mal à la nuque. Et c’est toujours mieux que de repenser à l’odeur d’amande du kiné que j’avais avant. Et puis mes yeux se ferment. S’ouvrent. Je soupire. J’ai toujours mal au dos et de plus en plus à la nuque. Je songe à l’arracher à l’aide du couteau à pain. Je remue la tête et repense aux étirements de début de cours d’EPS du collège sur le praticable à ressors de la gymnastique des pyramides humaines. Je masse. J’aimerai que mes nerfs intervertébraux cessent d’exister. Je me demande s’il est possible de tenir sa tête droite sans ces nerfs. Et puis ça n’a pas tant d’importance que cela puisque je sais taoer sans regarder le clavier. Puisque ma seule faute de frappe dans la phrase précédente est le « p » de « taper » qui s’est muté en un « o » insolent. C’est presque reposant pour la tête de ne pas regarder ce que l’on fait. Mais c’est difficile d’être sûre de taper sur les bonnes cases. Ni d’en rater ou d’avoir des doigts lourds qui appuient sur plusieurs en même temps, et je ne parle pas des accents.

Je n’ai rien à dire sur ce que je fais. Je pourrais continuer des heures à écrire tout ce qui passe par ma tête. Il n’y a rien d’autre à en dire.

Je viens de faire craquer ma nuque et ma mâchoire en même temps, c’est une sensation particulière et spéciale. Tout le monde devrait tester ça je pense. Surtout si on a la bouche ouverte à ce moment là. C’est presque intéressant.

[12-11]

Ω

Rendez-vous sur Hellocoton !

Attendre.

Elle ferme les yeux. Les ouvre, rien ne change. Elle attend un changement, peut-être une raison de rester à attendre tout simplement. Pourtant elle n’attend rien et rien ne change. Elle attend peut-être qu’il lui parle un peu, ou lui aussi, ça ne fait plus d’importance. Elle aime bien il et lui, et tous les autres aussi. Tous ceux là ne font pas attention et ils l’oublient passablement. Elle reste là en espérant qu’ils ne l’oublieront pas totalement. Et puis qu’elle arrête d’oublier de lui donner des nouvelles. Elle lui manque aussi. Elles s’attendent sans bouger de leurs petits mondes éloignés. Peut-être espèrent-elles la même chose.

[09-10-11]

Rendez-vous sur Hellocoton !