Ce constat énervant.

Ce constat que tu fais tous les ans à la même époque. Un corps vieillit, un peu comme une chute lente et interminable où minablement tu t’écraseras à la fin. Alors en attendant ce point final tu contemples tout ce qui entoure ta chute, tu essayes de distinguer les choses, tu essayes de te distinguer de tous ces autres qui comme toi chutent, plus ou moins à ton niveau, plus ou moins à ta vitesse. Il y en a toujours une partie qui chute un temps à tes cotés et puis d’un coup il semble que sa chute s’arrête avant la tienne, parfois même bien avant que tu ne puisses seulement distinguer le fond, la fin de ta chute. Alors tu regardes un peu vers le haut en le cherchant et tout ce que tu vois c’est tous ces autres qui eux aussi chutent au dessus de ta tête. Il y en a qui essayent de s’agripper sur les bords que tu contemples en tombant. Ceux là espèrent arrêter la chute, ou au moins la ralentir un moment. Ils sont au final comme un morceau de suie accroché sur la paroi de la cheminée, ils vont finir par tomber bien plus vite qu’ils ne le pensent, et en bas la collision est toujours la même, plus ou moins violente, plus ou moins espérée.
Tous les ans à la même époque tu passes devant un chiffre, toujours différent qui te prévient que tu te rapproches inévitablement du bas et en même temps te re-situe, comme les chiffres dans les cages d’escalier, comme pour te rappeler que tu n’as gravi que trois étages et qu’il t’en reste encore autant.

[24-10-2011]

Ω

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Je n’ai rien à dire.

Je n’ai rien à dire.
Il est deux heures quarante du matin. Mon volet ouvert craque continuellement depuis onze heure du soir. J’ai changé d’arrière plan. J’ai photographié mes vernis tous neufs. Ils brillent sur mes ongles presque insolents. J’ai mangé des canneberges séchés et sucrées parce que je n’ai plus de barbapapa d’anniversaire. J’ai bu un thé au citron avec un peu de sucre dedans. J’ai fait craquer mes poignets plusieurs fois et j’ai haussé des épaules toutes les dix minutes depuis que j’ai commencé à écrire ce soir. J’ai mal au dos, à la nuque, à la tête, aux yeux, à mon mollet et au pieds. Je gratte mes ongles lorsque je n’écris pas. Ou ma tête. Je passe mes mains dans mes cheveux, je trace des chemins invisibles dedans et je les mélange. Je chantonne un peu la musique que j’écoute. Je change de musique toutes les cinq chansons parce que tout ce que j’écoute me lasse trop vite en ce moment. Même ce qui est nouveau. J’ai écouté l’album de Nadeah neuf fois aujourd’hui. Je baille un peu des fois. J’ai la mâchoire qui craque à chaque fois et puis j’ai des larmes dans les yeux qui font bouger mes lentilles. Je bats les mesure de Pretty Enough avec le pied et j’ai mal dans mes vertèbres du bas du dos.
Je m’assure que les mots que j’écris existent en les prononçant. Parce que verterbre n’existe pas encore dans le vocabulaire humain.
Je vérifie que je n’ai raté aucun appel ou message sur mon portable posé à coté de moi et branché à mon ordinateur. Je siffle la musique en faisant légèrement tourner mon siège de bureau tandis que la chanson change. Je me gratte le dos avec ma main gauche et me griffe la peau avec les ongles sans faire attention. Je r’ouvre les petites blessures que mes ongles ont fait en passant les autres fois. J’ai maintenant des traces brunes sur le dos à tous ces endroits là. (…) Maintenant on est loin l’un de l’autre. On se rend invisibles pour l’autre et puis l’un rattrape le bras de l’autre et le tire vers soi, juste le temps de dire qu’on pense à l’autre quelques fois, lorsqu’il neige les lundis d’avril, ou que je ne mange pas le matin tôt. Et quelques autres fois lorsqu’on est trop vide. Il m’a rendu plein de vide. Mais du bon vide, celui qui te tiens au corps quand tu as froid et que tu es triste et seule. Celui qui te rempli le vide pâle et gris. Et quand ça ne suffit plus il faut écrire à s’en perdre le corps dans mes mots et envoyer sans relire (…). Pour savoir. Et puis sentir que son vide se rempli parce que quelque part, un peu loin de moi et des lieux ou nous étions, on pense à moi. (…) Nos vides sont différents. Mais j’aime bien son vide. Tout ça parce que je me gratte le dos ce soir parce que j’ai mal à la nuque. Et c’est toujours mieux que de repenser à l’odeur d’amande du kiné que j’avais avant. Et puis mes yeux se ferment. S’ouvrent. Je soupire. J’ai toujours mal au dos et de plus en plus à la nuque. Je songe à l’arracher à l’aide du couteau à pain. Je remue la tête et repense aux étirements de début de cours d’EPS du collège sur le praticable à ressors de la gymnastique des pyramides humaines. Je masse. J’aimerai que mes nerfs intervertébraux cessent d’exister. Je me demande s’il est possible de tenir sa tête droite sans ces nerfs. Et puis ça n’a pas tant d’importance que cela puisque je sais taoer sans regarder le clavier. Puisque ma seule faute de frappe dans la phrase précédente est le « p » de « taper » qui s’est muté en un « o » insolent. C’est presque reposant pour la tête de ne pas regarder ce que l’on fait. Mais c’est difficile d’être sûre de taper sur les bonnes cases. Ni d’en rater ou d’avoir des doigts lourds qui appuient sur plusieurs en même temps, et je ne parle pas des accents.

Je n’ai rien à dire sur ce que je fais. Je pourrais continuer des heures à écrire tout ce qui passe par ma tête. Il n’y a rien d’autre à en dire.

Je viens de faire craquer ma nuque et ma mâchoire en même temps, c’est une sensation particulière et spéciale. Tout le monde devrait tester ça je pense. Surtout si on a la bouche ouverte à ce moment là. C’est presque intéressant.

[12-11]

Ω

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Je ne savais pas m’énerver correctement.

 J’avais commencé à écrire parce que je ne savais pas m’énerver correctement. Comme tous les enfants j’ai dû piquer ma crise quelques fois sans que je ne m’en souvienne. Ou peut-être que j’étais passablement sage, déjà enfant. Je n’ai jamais eu le goût du risque.

Je ne savais pas m’énerver. Depuis j’ai trouvé comment faire mais le résultat reste tout de même extrêmement navrant.

Je ne savais pas m’énerver alors j’ai décidé de mettre sur le papier mes énervements, au lieu de les lâcher dans l’air sans aucune contenance. Les mots cette première fois, sont sortis tous seuls, sans moi. J’ai mis très longtemps à relire ce texte et encore plus à le faire lire. Puis peu à peu j’ai compris que personne ne lisait vraiment, ne comprenait vraiment ce que j’avais écrit, alors j’ai commencé à ne plus le trouver dérangeant du moins à ne plus être dérangée de le faire lire. Les quelques personnes très proches qui l’ont lu ont reconnu des évènements marquants de ma vie, les autres, plus nombreux n’y ont vu que des élucubrations diverses et bizarres de ma part, me complimentant sur mon écriture particulière et magnifiquement bien maniée. Je ne trouve rien de plus insolent que ce genre de remarques. Je ne cherche pas de style d’écriture particulier, ma façon d’écrire ne m’intéresse pas le moins du monde. Personne ne se rend compte que je n’écris que comme je parle ou pense, ce qui revient vraiment au même.

On m’a demandé de comprendre ce que j’écrivais mais est-ce seulement possible ? Premièrement parce que je ne suis pas sûre de l’intérêt de la chose (et je ne fais qu’exclusivement des choses qui provoquent de l’intérêt vif chez moi, le reste n’étant rien de plus qu’une perte de temps.) Deuxièmement, j’aimerai bien que l’on m’explique comment l’on peut comprendre ce qui sort de ses pensées, sans transformation, comment comprendre des mots sortis « comme ça », sans y penser vraiment. Si jamais c’est une chose possible, quel intérêt ?

[14-11-11]

Ω

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Les mots sont froids et difficiles.

Parfois je me force à écrire parce que je n’arrive pas à commencer une phrase. Les mots sont froids et difficiles. Parfois encore je les attends venir des heures durant. C’est un peu comme attendre une amie en sachant pertinemment qu’elle ne viendra pas. Les mots sont comme nos amis, ils nous déçoivent mais on leur reste malgré tout fidèle. C’est ce jeu de déceptions constantes qui donnent un intérêt à l’un comme à l’autre. Alors entre deux déceptions j’attends que les mots viennent.

[24-10-11]

Ω

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Je ne sais plus.

Je ne sais plus écrire.

C’est la plus navrante des constatations que j’ai fait aujourd’hui. Après le fait d’être invisible, mais c’est une autre histoire.

Je ne sais plus écrire. Je ne sais plus dire ce que je pense et ce que je ressens. Ca a toujours été ainsi, depuis le début mais je savais faire semblant d’écrire et vomir mes mots sur le papier numérique. Maintenant je regarde le gris de mon écran et je ne pense même plus aux mots que je veux y inscrire. Je ne sais plus. Ecrire s’oublie ; je ne pensais pas. Je ne pense pas assez je pense. J’ai trop longtemps préféré rêvasser mes vies rêvées, entourée de tout ce dont je souhaite au plus profond de moi ; et de tout ce qui me fait le plus peur, ce qui me hante. Alors je fais semblant de faire semblant. J’étale mon néant sur le gris et je chante comme je peux tout ce qui fait ma vie.

Quelques fois il ne faut qu’une histoire de respect pour écrire son vomi régurgité. Je sais depuis longtemps que je ne suis pas respectée, c’est comme ça. Un jour je comprendrai pourquoi, ou peut être que je changerai ce qui n’est pas respectable chez moi.

(…)

Je sais écrire. Je l’ai toujours su au fond de moi, c’est ce qui fait ma personnalité la plus intéressante, et la plus troublante et dérangeante il paraitrait. J’ai découvert que mes textes pouvaient émouvoir, émouvoir pour de vrai, pas comme les romans un peu tristes où on ne s’identifie pas vraiment aux personnages et qui pourtant ne nous donne pas envie. Il parait que je peux faire pleurer rien qu’en écrivant. Imagine si je parle. Il faudrait que j’essaye un jour de faire pleurer en parlant, ça doit être jouissif. Tellement violent de sortir toutes ces pensées terrifiantes et de les balancer a quelqu’un qui n’a rien demander. Pourtant lorsqu’on me demande je ne sais pas dire toutes ces vérités qui blessent. Un jour j’y arriverai, ou je me noierai dedans, comme je l’ai toujours fait. Demain peut-être que je déverserai toute ma vie devant ses yeux. Peut-être, il ne sera même pas là.

(…)

Et puis je pars. Je me lasse d’attendre une réaction inexistante. Je suis lassée. Je suis bien invisible, même pour lui. Sinon il me regarderai quand je le regarde et que j’attends qu’il me regarde et qu’il me dise quelque chose. Tout le monde me lasse en ce moment. C’est peut être l’absence de moi qui fait ça. Je n’existe plus. Je ne suis plus qu’un regard que personne ne voit ni ne comprend. Un jour j’existerai pour quelqu’un mais ça ne sera ni toi ni tous les autres. Pour l’instant je reste invisible à n’exister que pour mon appareil photo et la musique merveilleuse de l’opéra.

[01-08-11]

Ω

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