La plénitude.

Il fait encore nuit. L’extérieur est calme. Pas de mouche aux fenêtres. Je suis seul, lové dans mon fauteuil. J’aime beaucoup ce fauteuil. Je baille. Il est encore tôt, j’en suis sûr. Elle dort encore, étalée dans son lit. J’aime beaucoup ce lit. Soudain, une odeur. Troublante. Mais oui, j’en suis sûr. Mon estomac se serre. Cette odeur. Cela faisait si longtemps. Je pensais ne plus jamais la sentir. Elles me manquent tellement, je ne m’en étais pas rendu compte. Je regrette néanmoins l’absence de leur chant, mélodieux, qui me donnait toujours des frissons jusque dans le bout de la colonne vertébrale. Oh ! Il faut que je les rejoigne. Il faut.
Je me lève, vite. M’étire rapidement pour effacer tout reste de sommeil dans mon corps. Ah ! Vous me manquiez tant mes chéries ! Je m’approche, je les sens de plus en plus forte. Je ne peux plus rien contrôler. Il me les faut. Maintenant.
Ah ! Elles sont là. Belles. Presque rangées et assorties. Elles me regardent avec amour. Je le sais. Je fond en elles. Ah ! Si peu. Vous êtes si peu. Où êtes vous passées ? Ah ! Revenez !
Panique.
Elles ont pratiquement toutes disparues. Pourquoi m’avez-vous quitté ? Je suis si triste. Mon estomac est noué. Je souffre.
Il me faut aller la voir. La réveiller. Lui expliquer mon désarrois. Elles sont parties. Ma vie est fade. Je pleure devant les quelques restantes. Et elles pleurent avec moi. Réveille-toi ! Aide-moi ! Sauve-moi ! Je l’appelle.
Elle ne répond pas. Grogne tout au plus. Je l’appelle encore. Pas de bruit.
Il est à coté d’elles. Il m’observe. Je suis certain qu’il les a cacher. Je lui demande, mais il ne répond pas. Il ne répond jamais. Je l’attaque, saute en son sein, et tente de regarder à l’intérieur. Il vacille. Ses cris résonnent sur le carrelage. Il se répand un peu sur moi et le sol, mais n’explique aucune des disparitions. Au loin, je l’entends, elle. Elle bouge, je crois. Je l’attends. Elle saura m’aider. Elle le fait toujours. Puis, impatient, je décide finalement d’aller à sa rencontre. Il serait dommage de la manquer. Je m’approche de son lit. Elle s’assoit et me regarde. Souffle. Elle semble apaisée. Grogne. J’attends. Je pose ma tête contre elle. Souffle. Puis elle bouge. La couette, ma douce amie, vole à l’autre bout du lit. Elle pose les pieds au sol. Grogne. D’un pas lourd et gracieux, elle se dirige vers elles. Je lui montre le chemin tout de même. Elle les regarde. Et jette un regard vers moi sans rien dire. J’aime lorsqu’elle me regarde et qu’elle. Grogne. Elle a compris, je crois. Ah ! Elle sait. Elle connait leur repère. Sa main pousse la poignée de la porte de la cuisine. Ah ! Elle s’approche de leur repère. Je le sens. Mon estomac frétille de bonheur. Sa main plonge. Ah ! Elles sont là ! Oh ! Mes chéries ! Elle s’approche de leur place habituelle, délaissée et les verse. Oh ! Cette odeur !
Oh !
Je m’en vais les voir. Leur dire tout ce que j’ai sur le coeur. Je gémis de bonheur tout en communiant avec elles. Elle s’en retourne dans son lit, après m’avoir tapé fraternellement le dos. Je l’aime tellement quand elle me sauve et me rapporte mes chéries. Un nouveau gémissement de plaisir s’échappe de moi.
La plénitude.Albert von Schrenk-Notzing1

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